Les politiques forestières proposées par les agences de développement aux pays du Sud sont fondées sur une conception univoque de l'utilisation de l'espace et débouchent sur des prescriptions en termes de séparation des usages et de spécialisation des espaces. On retrouve cette logique dans les différents plans "d'affectation des terres" conduisant au zonage du territoire, et visant à distinguer les forêts de production, les espaces de conservation, les "zones-tampon" et les terroirs agricoles. Dans ces conceptions "modernes", les logiques de territorialité et la représentation géométrique de l'espace sont déterminantes. Les conceptions locales, illustrées par des communautés paysannes de l'Est-Cameroun, sont des logiques topocentriques formant des espaces de réseaux entrelacés. Le projet d'affecter la majeure partie de l'espace forestier à l'exploitation industrielle ou à la conservation, excluant les autres usages, risque de déboucher sur des conflits. C'est pourtant à l'organisation des usages différents d'un même écosystème que devrait s'attacher une gestion forestière visant la viabilité à long terme.