Ces vingt dernières années, de nombreux travaux de recherche sur l'érosion ont concerné le Nord de la Thaïlande, mais leur impact demeure limité. Le suivi pluriannuel du ruissellement et des pertes en terres de parcelles contrôlées par la recherche n'est plus adaptée aux conditions des agriculteurs montagnards. Leur intégration aux marchés est très avancée et conduit à des changements rapides des conditions de la production agricole ainsi qu'à une diversité de situations au champ et des stratégies des producteurs. L'hétérogénéité spatiale et la variabilité temporelle de ce milieu de petite montagne doivent être mieux traitées. Une approche pluriéchelle et interdisciplinaire a été testée dans un village. La méthodologie articule des analyses diagnostics de la parcelle, de l'exploitation agricole et du petit bassin versant. Pour la parcelle, les relations causales entre les conditions physiographiques et climatiques et les pratiques agricoles sont analysées : les seuils et les indicateurs utiles à la décision à propos du risque d'érosion sont dégagés. Les résultats de l'évaluation en conditions paysannes des pratiques de conservation des terres sont montrés. La distribution spatiale des symptômes d'érosion et leurs causes sont analysées dans le petit bassin versant. Le rôle des convexités et des infrastructures rurales est souligné. A l'échelle des exploitations, les stratégies paysannes et leurs relations avec le risque d'érosion sont identifiées. L'utilisation de la typologie d'agriculteurs pour mieux cibler et améliorer les efforts de conservation des sols et de l'eau est discutée. Une évaluation de la démarche et des outils méthodologiques est proposée.