Dans un contexte d'optimisation économique durable des ressources, les problèmes actuels posés à la recherche agronomique sont de plus en plus difficiles à résoudre. En effet les solutions recherchées, qui doivent être trouvées rapidement avec des moyens souvent limités, nécessitent de tester une vaste gamme de scénarios possibles dans des milieux très divers. L'expertise fournit des solutions généralement approximatives, et l'expérimentation classique, très coûteuse et longue, ne peut tester qu'un nombre restreint de stratégies sur peu d'années et de sites. La canne à sucre, de grande dimension et de cycle long, se prête difficilement à cette dernière démarche. Grâce au développement de nos connaissances sur le fonctionnement des plantes et de moyens rapides de mesures et de simulations, les modèles biophysiques de croissance permettent de simuler une infinité de stratégies dans de multiples conditions situées dans leur domaine de validité, et autorisent ainsi l'évaluation des risques encourus selon les itinéraires techniques envisagés. En 1992, les modèles existants présentant des limites majeures, le CIRAD a décidé d'entreprendre à la Réunion le développement d'un nouveau modèle puis de l'utiliser comme outil d'analyse et d'aide à la décision. Dans un premier temps, les spécificités de la canne ont nécessité des adaptations d'ordre méthodologiques, notamment la mise au point d'une méthode de mesure peu destructive de la biomasse et de l'indice foliaire. Puis, en liaison avec un bilan hydrique de type Ceres, le modèle de croissance Mosicas a été construit en utilisant les formalisations les plus judicieuses issues des autres modèles existants, et un dispositif d'observations en milieux très contrastés. Nous avons ensuite validé ce modèle sur un jeu de données indépendant de celui ayant servi au calage, et réalisé une étude de sensibilité aux principaux paramètres. Les résultats montrent que ce modèle estime de façon très satisfaisante les rendements canne et sucre