Le Sul do Parà est un des plus anciens fronts pionniers de la colonisation officielle de l'Amazonie brésilienne. Il y a 50 ans, la région était couverte de forêt primaire. Aujourd'hui, elle présente un paysage rural dont seulement 1/3 est couvert de forêt et un taux annuel de déforestation de 15-20%, un des plus élevés de l'Amazonie. En contrepartie, sa population a décuplé passant de 40 000 habitants en 1960 à 400 000 en 1990. Des villes se sont créées à partir d'une économie basée sur l'exploitation pionnière des ressources naturelles, or et bois, puis sur l'élevage bovin. Ce dernier, présent dès le début, dispose d'atouts tels que des coûts de production bas, des acteurs dynamiques, et une législation peu contraignante car encore inappliquée. En s'appuyant sur diverses données, les auteurs caractérisent les grands types d'acteurs qui ont façonné le paysage du Sul do Para et leurs conséquences sur la dynamique régionale : les entreprises du sud du Brésil ayant acquis d'immenses domaines au début de la colonisation, les groupes pionniers pour lesquels l'Amazonie est la dernière frontière à conquérir, les petits colons migrant à la recherche de terres agricoles. Parmi les diverses stratégies, ils identifient l'accumulation foncière par la déforestation et l'implantation de pâturage entraînant une plus-value de l'exploitation agricole, la spéculation et la concentration foncières à diverses échelles, du petit paysan au grand propriétaire, l'intensification des activités d'élevage et d'agroforesterie. Dans tous les cas, on constate à un moment ou un autre de la trajectoire d'évolution une exploitation minière et prolongée des ressources naturelles. Cependant, sous la pression toujours plus forte des pouvoirs publics, quelques initiatives apparaissent cherchant à contrebalancer cette tendance lourde. Elles semblent refléter une volonté de s'adapter aux nouvelles exigences du marché, notamment aux critères de qualité sociale et environnementale.