Le présent article tente de remettre les pratiques financières africaines dans leur trajectoire historique (partie I), analyse les intérêts et les contraintes du développement d'une épargne monétaire rurale, (partie Il), et dégage quelques débats et enjeux autour de l'épargne. Dans ce débat, trois éléments semblent pouvoir servir de fondation : - l'épargne joue un rôle incontournable. L'évolution de ses formes (vers la forme monétaire, mais aussi son intégration à un horizon temporel plus long) signifie sans doute qu'elle est un élément de stabilisation social important. L'épargne monétaire le sera sans doute aussi dans une transition progressive au capitalisme des économies africaines. - l'évolution des formes d'épargne n'est pas seulement une question technique. Si cette dernière est indispensable autant, au niveau des services financiers que des formes institutionnelles qui peuvent les offrir, il n'en demeure pas moins que l'épargne s'intègre dans un système de régulation imposant des choix de mode de développant qui sont déterminants; - l'histoire des systèmes financiers nous montre que les services qu'ils offrent sont au coeur de la construction sociale. Il n'y a là aucune loi immanente, aucun dogme, fût-il scientifique. Ils sont le fruit des croyances des sociétés, images et produits d'un système de valeur. Le développement de l'épargne monétaire rurale n'est donc pas un simple problème technique. Il fait partie des nombreux chantiers où la société doit se projeter, et où les techniciens doivent apporter leur pierre.