La matière organique des sols (MOS) détermine la fertilité et la productivité des sols, plus particulièrement les sols généralement pauvres, altérés, fragiles et gérés avec peu d'intrants des zones tropicales sahéliennes. Dans le contexte d'une croissance démographique et une pression croissante sur les terres, on assiste à un raccourcissement des périodes de jachère, base de la gestion de la fertilité des agricultures d'Afrique de l'Ouest. L'évaluation du statut et de la dynamique de cette MOS à travers une approche granulométrique devient un élément crucial de prédiction de durabilité des systèmes de culture pratiqués. Les teneurs en C des différentes fractions d'un même sol diffèrent entre elles et les teneurs en C des sols varient en fonction de leur texture et du système de production (Autochtone vs. Migrants). Les sols des parcelles gérées par les paysans migrants ont des teneurs en C de toutes leurs fractions, supérieures à celles gérées par les autochtones et comparables voire supérieures pour la fraction la plus fine et la fraction soluble aux parcelles forestières considérées comme référence. Ce système de production présente des caractéristiques de stabilité puisque son statut en C est comparable à celui des parcelles forestières. Par contre le fait que les parcelles des paysans autochtones se caractérisent par des teneurs en C, du sol et des différentes fractions, inférieures aux parcelles forestières pose le problème de la pérennité des systèmes de production autochtones confrontés à un raccourcissement des périodes de jachère. Il serait nécessaire d'évaluer les différences de stockage de C des deux types de systèmes de production et d'effectuer le calcul complet des coûts de production en C de chacun des systèmes pour juger de leur capacités de séquestration du C à long terme sachant que la production et la distribution de fertilisants est particulièrement consommatrice de C fossile.