Cet article propose une évaluation des effets économiques directs et indirects de la filière sucre réunionnaise à partir d'un instrument d'analyse macro-économique, la matrice de comptabilité sociale. Décrivant la circulation de l'ensemble des flux monétaires au sein d'une économie locale, l'approche matricielle retenue permet le calcul de multiplicateurs qui intègrent les effets d'entraînement d'une production sur le reste de l'économie. L'impact direct de la filière sucre est modeste, la valeur ajoutée directe créée par la filière se situe au cours des cinq dernières années entre 56 et 70 millions d'euros (M€) en fonction du volume de canne à sucre récolté. Les revenus distribués sont beaucoup plus importants grâce aux subventions versées par les pouvoirs publics. Les revenus directs reviennent principalement aux ménages exploitants agricoles et en second lieu aux ménages salariés. Les effets indirects évalués résultent de la demande exercée par la filière en biens et services intermédiaires produits localement. La valeur ajoutée indirecte est estimée pour une production de 2 Mt de canne à sucre à 40 M€. Ainsi, la filière sucre contribue à hauteur de 110 M€ , soit 1,6% au produit intérieur brut de l'économie réunionnaise. L'ensemble des revenus distribués atteint 164 M€ et les ménages salariés bénéficient avec les effets indirects d'un montant de revenu équivalent à celui des ménages exploitants agricoles. Les revenus directs et indirects distribués aux ménages grâce au fonctionnement de la filière sucre représentent l'équivalent d'environ 8000 emplois à plein temps.