Beaucoup d'auteurs examinent le devenir des techniques proposées par la Recherche et le Développement mais peu se penchent sur les processus d'innovation paysanne. L'analyse de l'évolution des systèmes de culture en zone cotonnière du Cameroun ces dix dernières années, illustre bien la capacité des agriculteurs de cette région à innover. Les processus d'innovation décrits concernent les techniques de mise en place des cultures et de contrôle de l'enherbement (sorgho muskuwaari, sorgho pluvial, arachide) et l'introduction de nouvelles cultures dans les assolements (oignon, cultures fourragères locales). L'adoption de la traction animale et des herbicides a soutenu ces processus qui ont été influencés par l'évolution de l'environnement des exploitations agricoles (l'état des ressources naturelles, des marchés et des services d'appui). L'innovation est ici considérée comme un processus socio-technique mis en oeuvre par les agriculteurs avec l'appui ou non des agents extérieurs (chercheurs, formateurs/vulgarisateurs, commerçants, etc.), elle se distingue de l'invention. Les innovations se différencient par le rôle et la place accordés par les agriculteurs aux agents extérieurs qui peuvent être ou non à l'origine de l'invention ou le vecteur de l'innovation. Pour accompagner les processus d'innovation, l'agronome doit mener ou participer à 4 types d'interventions complémentaires: 1/ l'analyse des pratiques et des décisions des producteurs, 2/ la co-conception des inventions avec les agriculteurs et les autres agents concernés par l'innovation (le forgeron, le commerçant, etc.), 3/ l'élaboration de mesures d'accompagnement (crédit, formation, mis en place de services,...) et 4/ l'étude de l'impact des innovations par exemple, sur les ressources naturelles et les modes d'organisation collectives et individuelle. Pour ces 4 domaines d'intervention l'agronome doit développer ses capacités de collaboration avec les chercheurs des autres disciplines mais surtout avec les agric