Les premières expériences de l'irrigation dans la vallée du fleuve Sénégal ont été réalisées il y a plus d'un siècle et demi. C'est après l'indépendance et dans le cadre d'une politique visant la sécurité alimentaire du pays, que le Sénégal a choisi de développer la production agricole irriguée dans la vallée du fleuve. Pour cela, un vaste programme de développement hydro-agricole a été mis en oeuvre avec l'aide de bailleurs de fonds extérieurs. Trente ans après, le bilan de ce secteur du développement rural est peu satisfaisant. L'Etat sénégalais, sous la pression des mêmes bailleurs de fonds et du Fond monétaire international, a été amené à changer de poli-tique agricole et à se désengager totalement des interventions directes dans la production agricole. La SAED, société publique d'aménagement qui s'occupait de l'encadrement total de la production agricole irriguée, a dû transférer bon nombre de ses activités soit au secteur privé, soit aux organisations paysannes. Ainsi en 1990, la SAED, après avoir réhabilité le périmètre irrigué de Pont-Gendarme, en assure le transfert aux exploitants agricoles du village. Partant de cet exemple de gestion paysanne d'un aménagement hydro-agricole, cet article montre les difficultés qu'ont les acteurs paysans à gérer ce nouveau système. Ne pouvant être exhaustif sur l'ensemble des problèmes que pose ce désengagement de la SAED, les auteurs ont choisi de présenter deux exemples qui illustrent bien ces difficultés: la circulation du crédit et la gestion hydraulique du périmètre face à la nouvelle situation foncière. Le premier exemple montre que la multiplication des acteurs et la volonté de chacun d'entre-eux de se positionner dans le système financier rendent difficile la gestion du crédit. Le second montre que malgré l'augmentation des surfaces irrigables du péri-mètre, le mode de gestion de l'irrigation n'a pas été modifié. Ces deux situations per.