Le gouvernement de Lula a considérablement amplifié et diversifié le Programme d'Appui à l'Agriculture Familiale le PRONAF, créé par le gouvernement précèdent en 1995. Ce choix affirmé, sur la longue durée, pour l'agriculture familiale, peut surprendre dans un Brésil qui a toujours, tout au long de son histoire, privilégié l'agriculture patronale: latifundia et entreprises rurales. Ce renforcement des moyens en crédit et appui technique pour les agriculteurs familiaux a été associé à une volonté de rééquilibrage des dynamiques locales et régionales en faveur de l'agriculture familiale, au moyen d'un Programme National de Développement Territorial (PRONAT). Concrètement le Ministère du Développement Agraire a réalisé une transformation du Pronaf C (subventions aux équipements et infrastructures collectives) distribué à l'échelle municipale en instrument de soutien à des projets inter municipaux, de nature territoriale et transversale. Ces projets sont élaborés et gérés par un conseil territorial réunissant de manière collégiale représentants de la société civile, des élus locaux, des pouvoirs publics et parfois, du secteur privé. Cet article analyse les mécanismes qui ont conduit à ces choix sociétaux, en examinant en particulier le rôle des organisations syndicales et paysannes. Pour expliquer ces choix politiques, nous faisons l'hypothèse "d'une alliance réussie" entre dynamiques locales, mouvements sociaux et intellectuels et techniciens de l'administration fédérale. En s'appuyant principalement sur l'analyse de cas dans les régions du Nordeste et de l'Amazonie), l'article propose successivement un bref retour sur l'histoire du monde rural brésilien, une description du rôle des syndicats ruraux et plus généralement de la société civile dans la "construction" du PRONAF et du PRONAT, une description de ces instruments, de leur émergence et de leurs modalités de mise en oeuvre. La conclusion présente quelques enseignements de l'expérience brésilienne qui pourraient ê