Comme l'ensemble des produits agroalimentaires, le lait connaît aujourd'hui une flambée de ses prix. La simplicité apparente de ce constat laisse de côté les changements dans l'organisation même des échanges. En effet, la production et les échanges de lait sont aujourd'hui l'objet de changements institutionnels profonds (accords signés à I'OMC sur l'agriculture, réforme de la PAC, discussions sur les APE, application du TEC en Afrique de l'Ouest...) qui participent tout autant que les prix aux évolutions du commerce laitier. À un autre échelon, celui de Bamako, les acteurs du commerce laitier s'adaptent à ces évolutions multiples. La capitale malienne constitue un terrain propice à une telle analyse puisque la consommation laitière de sa population est couverte à plus de 90% par des importations de lait en poudre. Nous développons dans ces pages un point de vue de sociologue économiste qui considère le marché comme une construction sociale. Outre un comportement toujours en partie utilitaire, les acteurs de ce commerce, doivent aussi répondre à des contraintes sociales de toutes sortes (réglementation étatiques, obligations vis-à-vis des paires, contraintes des fournisseurs ou des clients, obligations familiales...) qui donnent sa forme spécifique à chaque marché par les régularités qu'elles engendrent. Dans cette perspective, ce mémoire explicite les articulations entre le marché mondial et celui de Bamako. Il insiste sur le rôle d'intermédiaire des importateurs situés au Mali, acteurs de l'entre-deux-mondes. Ce mémoire met donc à jour les multitudes de réponses locales qui font des commerçants maliens des acteurs du processus de mondialisation du lait.