Les cours des produits tropicaux ont été nettement orientés à la hausse en 2009, comme avec retard sur la flambée des prix des matières premières qui entre 2006 et 2008 les avait relativement épargnés. Le rebond est net sur la presque totalité des produits dits du "Sud". Le prix du caoutchouc naturel (SMR 20) double sur l'année: il passe de $ 130 à 280 cents par kg de janvier à décembre 2009. Le thé (moyenne Calcutta, Colombo et Kenya) dépasse les 300 cents par kilo, au-dessus de son pic de 2008 (280 cents par kilo). L'indice ICCO des cours du cacao gagne 30% et termine l'année à $ 3 500 la tonne. Le café n'est pas en reste, en hausse de 25% sur l'année. Et l'huile de palme brute s'échange à près de $ 800 à Rotterdam en décembre 2009, en hausse de près de 60% par rapport au creux - relatif - de décembre 2008. La rapidité de la reprise s'explique surtout par le fait que les produits tropicaux, et en particulier les boissons, n'avaient pas connu en 2007 et 2008 une flambée aussi spectaculaire que celle des produits tempérés - sans même parler de l'énergie ou des métaux. Corrigés de l'inflation, les cours des boissons tropicales entre 2006 et 2008 n'ont pas dépassé la moyenne observée entre 1980 et 2005. Il s'agit en 2009 plus d'un rattrapage que d'un rebond. Alors que la sortie de récession est rien moins qu'assurée dans la plupart des économies, à l'exception de la Chine et d'une poignée de pays émergents, et que les marchés financiers font à nouveau circuler l'épargne entre les continents, les coupables d'hier - l'ogre chinois et le trader avide - apparaissent comme les sauveurs d'aujourd'hui et les maîtres de demain. Leurs responsabilités dans l'évolution des prix et de la volatilité des marchés méritent toutefois d'être nuancées, au moins en ce qui concerne les marchés tropicaux.