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Coupe de bois et revendications sociales au Mali

Gautier D., Hautdidier B., Keita S., Mbodj F.. 2006. In : Les frontières de la question foncière : enchâssement social des droits et politiques publiques. s.l. : s.n., p. 1-19. Colloque international sur les frontières de la question foncière : enchâssement social des droits et politiques publiques, 2006-05-17/2006-05-19, Montpellier (France).

Au Mali, en milieu rural, plusieurs modes d'accès à la terre et aux ressources qu'elle porte se superposent. Le système coutumier d'attribution des terres continue de prévaloir au niveau des villages, particulièrement au niveau des terres arables, même si on arrive à un stade de saturation de ces espaces. Issues du processus de décentralisation, les communes, qui peuvent regrouper de 10 à 30 villages, tentent de leur côté de devenir un intermédiaire entre l'Etat et les populations locales en matière de gestion des ressources, même s'il n'y a pas encore eu dévolution de domaine aux communes. En marge de ces deux processus, des acteurs essentiellement urbains négocient avec les autorités villageoises de l'espace périurbain l'achat de terres qu'ils font cadastrer. Enfin, parallèlement au processus de décentralisation, un transfert des responsabilités de gestion des ressources ligneuses a conduit, à partir de 1998, à des agréments entre les services forestiers et des associations de villageois pour l'exploitation du bois sur des espaces négociés et parfois aménagés. Ces agréments sont sujets à discussion. D'une part la négociation pour la mise en place des associations a été rapide et parfois peu en lien avec les autorités coutumières. D'autre part le contrôle sur l'activité de coupe a été faible et le demeure. Ces agréments sont cependant pour les villageois le levier de revendications sociales et territoriales à trois niveaux : d'une part, ils l'utilisent parfois comme un moyen d'asseoir une légitimité de " l'autochtonie " face aux migrants (refondation des associations de bûcherons, exclusion des territoires villageois) ; d'autre part, la coupe de bois peut être un moyen de revendiquer les limites territoriales du village face aux voisins ; enfin, l'exercice du droit de coupe sur le territoire villageois est, pour les autorités coutumières, un levier pour revendiquer une meilleure reconnaissance de leurs prérogatives auprès des pouvoirs centralisés et décentralisés.

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