En Nouvelle-Calédonie, les consommations en eau potable et le taux de non-recouvrement des factures du service d'eau potable sont très élevés dans beaucoup de communes, ce qui à long terme interroge la pérennité des services d'eau. L'étude qui a été menée a visé à analyser les facteurs expliquant tant les consommations que les impayés pour différentes catégories d'usager, notamment les tribus et les agriculteurs, souvent montrés du doigt. Elle combine d'une part, une analyse quantitative des données de consommation et d'impayés par secteurs et catégories d'usagers et d'autre part, une analyse qualitative sur la base d'enquêtes de terrain auprès de deux tribus ayant de fortes consommations et de fort taux d'impayés. L'étude montre que les problèmes de consommation et de non-paiement sont souvent très locaux, peu dépendant des catégories d'usagers. Dans les zones enquêtées, au-delà de problèmes techniques ou économiques, le non-recouvrement des factures d'eau potable traduit un certain nombre de tensions d'origine historique, politique et symbolique. Les questions d'injustices, de contrôle voire de propriété à l'égard de la ressource sur terres coutumières sont au coeur de ces tensions. Face aux difficultés rencontrées aussi bien par les usagers que par le service d'eau potable, l'étude discute de l'importance de réintroduire des espaces de concertation et de dialogue visant à améliorer la gestion de l'eau.