L'utilisation de la chlordécone, insecticide persistant, dans les Antilles Françaises a entrainé une pollution sur le long terme et de graves problèmes de santé publique et socio-économiques. Jusqu'à présent, la chlordécone était considérée comme non-dégradable dans l'environnement de par les quantités importantes retrouvées de nos jours dans les sols et la quasi-absence de produits de transformation (PT) détectés. Une double approche analytique GC- et LC-MS a permis de mettre en évidence, dans tous les échantillons de sols analysés et contaminés par la chlordécone, de nombreux PT dont quelques-uns présents à des concentrations similaires à celle de la chlordécone. Des expériences de dégradation en microcosmes ont été réalisées avec chaque type de sol (andosol, nitisol et ferrasol). Toutes ont conduit à une transformation importante de la chlordécone en quelques semaines. Des analyses chimiques complémentaires sur d'autres compartiments environnementaux (eau de rivière, eau de mangrove et sédiments de mangrove) ont conforté ces conclusions. Ces résultats modifient fondamentalement la vision de la pollution par la chlordécone, qui se dégrade donc naturellement en libérant progressivement des quantités significatives de PT dans l'environnement. L'estimation de l'ampleur de la contamination en PT de la chlordécone, les mécanismes de dégradation les générant, le devenir des PT, l'exposition de la population et l'impact sur la santé humaine nécessitent de nouvelles études.