Les politiques d'intégration régionale face aux réalités de terrain : le cas des exportations tchadiennes de bétail
Duteurtre G., Mian Oudanang K.. 2002. In : CEFOD. Colloque international Tchad, 40 ans d'indépendance : bilan et perpectives de la gouvernance et du développement , N'Djamena, 25-28 février 2002. s.l. : s.n., 10 p.. Colloque international Tchad 40 ans d'indépendance : bilan et perspectives de la gouvernance et du développement, 2002-02-25/2002-02-28, N'Djamena (Tchad).
Malgré son isolement géographique, l'économie tchadienne s'ouvre de plus en plus vers l'extérieur: elle participe à l'approvisionnement des marchés urbains des pays voisins en produits vivriers et en viande. Pourtant, les débats sur l'intégration régionale buttent sur la rareté des données et la faible connaissance des pratiques de terrain. Des enquêtes menées par le Laboratoire de Farcha dans le cadre de l'Observatoire du Développement du PRASAC ont permis de mesurer ce décalage entre les données officielles et la réalité des échanges. Les enquêtes soulignent le dynamisme du commerce d'exportation de bétail vers le Cameroun et le Nigéria. Près de 520 000 bovins sont exportés chaque année vers le Nigéria, ce qui représente la moitié des exportations tchadiennes tous produits confondus. Depuis 3 ans, la valeur de ces exportations a dépassé celle du coton. On estime que les services techniques de l'Etat contrôlent seulement 35% de ces exportations. En plus de cela, près de 40 000 porcs sont exportés vers le Cameroun sans que ce commerce ne fasse l'objet d'aucune déclaration officielle. Du point de vue des pratiques commerciales, on constate que les politiques d'intégration régionale affichées par la CEBEVIRHA, qui visent à contrôler le commerce pour mieux l'encourager, se heurtent à une organisation très informelle du commerce. La méconnaissance des réalités par les autorités peut être interprétée comme la résultante de difficultés techniques éprouvées par les services de l'Etat pour récolter l'information, et d'un choix délibéré des groupes sociaux impliqués dans ce commerce pour soustraire leurs activités au contrôle de l'Etat. Au total, l'élevage tchadien profite de l'efficacité économique de ces circuits. Mais la redistribution sociale des produits de ce secteur est assurée par des pratiques de corruption plutôt que par l'Etat lui-même, dont on a du mal à comprendre le rôle. Des recommandations sont formulées afin d'adapter les politiques d'intégration régionales
Communication de congrès
Agents Cirad, auteurs de cette publication :
- Duteurtre Guillaume — Es / UMR SELMET