Ce suivi avait pour but d'établir un référentiel sur les affections médicalisées, de façon à pouvoir orienter les autres volets du programme de santé animale. On peut considérer aujourd'hui que cet objectif est atteint. Malgré les biais inévitables de ce type d'approche (défaut de médicalisation de certaines pathologies, intervention d'éléments multiples dans la décision de recours au praticien), la pathologie bovine de l'île paraît assez proche de celle que nous connaissons dans les élevages intensifs des zones tempérées (technopathies d'élevage) développée sur un fond de pathologie sanguine parasitaire. En un an, un seul cas de maladie contagieuse grave (Coryza gangreneux) a été répertorié, et il s'agit d'une virose connue dans le monde entier et dont le risque de transmission d'un élevage à l'autre est quasiment nul. L'île ne sera jamais complètement à l'abri d'une épizootie grave, et il est fondamental d'intensifier la protection contre les grandes maladies contagieuses, mais une large part des pertes économiques imputables à la pathologie est très probablement due aux maladies du quotidien (affections de la reproduction, infections respiratoires, troubles digestifs banals, mammites, etc.). Pour la suite, l'essentiel de l'effort du Cirad dans le domaine sanitaire sera donc orienté dans un premier temps vers le recensement de ces maladies et l'estimation de leur impact zootechnique et économique. Cela suppose d'aborder le sanitaire sous un angle plus large, qui envisage au minimum les interactions entre la pathologie, les performances, l'alimentation et les pratiques. Enfin, le réseau d'échange d'informations créé avec les vétérinaires sanitaires est un outil d'épidémio-surveillance efficace. Il est donc logique qu'il soit à terme pris en charge par les organismes de développement, et des discussions sur les conditions de ce transfert devront être menées dans les mois qui viennent.