Depuis 1980, l'importance de l'élevage dans la zone soudanienne du Tchad n'a cessé de croître à cause, notamment, de la descente de troupeaux transhumants du Centre du pays vers le sud. Pour ces élevages, l'approvisionnement en produits laitiers des villes et des villages de la zone représente une activité importante. C'est sur cette base que se sont stabilisée des populations d'éleveurs pastoraux autour de la ville de Moundou. Ces élevages peuvent-ils répondre de manière durable à l'augmentation rapide de la demande urbaine ? Ces systèmes d'élevage se modifient-ils sous l'effet de l'intégration au marché ? Des enquêtes auprès de producteurs laitiers périurbains, de transformateurs laitiers, de commerçants et de consommateurs ont permis de mieux comprendre l'organisation de la filière. Les résultats soulignent le dynamisme du commerce des produits laitiers traditionnels et l'importance des flux de produits entre les campements périurbains peuls et les marchés de la ville (plus de 5 000 litres/jour-1). Ces systèmes d'élevage révèlent d'ailleurs des capacités d'adaptation au nouveau contexte marchand, tout en restant attachés à leur mobilité, même sur de faibles distances d'une rive à l'autre du Logone. D'autre part, la filière apparaît fortement dynamisée par le secteur de la transformation laitière urbaine: fromagers et bars laitiers. Enfin, la concurrence des importations est assez faible en raison de l'enclavement de la zone et des préférences des consommateurs pour des produits traditionnels. Cette présence de l'élevage pastoral n'est toutefois pas sans poser de problèmes notamment sur l'occupation de l'espace. L'étude propose de renforcer les initiatives de concertation entre éleveurs et agriculteurs, de favoriser une organisation plus efficace du marché du tourteau de coton et de favoriser le développement des petits ateliers de transformation.