Le développement de la ville de N'Djamena a eu pour conséquence de polariser le commerce laitier vers la capitale avec pour conséquence une dynamisation rapide de la filière d'approvisionnement. On différencie trois sous-filières de commercialisation qui permettent aux producteurs de vendre leurs produits vers la ville: la sous-filière des collecteurs à mobylette, par lequel le lait frais est acheminé vers la ville; la sous-filière des collectrices de lait caillé qui utilisent les places de marchés urbains pour revendre le lait caillé et le beurre clarifié achetés en brousse; et la sous-filière des artisans qui transforment le lait frais en fromage ou en yaourt. Ces trois sous-filières sont performants et complémentaires, dans la mesure où ils approvisionnent la ville en produits différents (lait frais, lait caillé, rayib ou lait fermenté entier, l'huile de beurre) qui sont en compétition avec les produits importés. Afin de comprendre les préférences et les modes d'utilisation du lait et des produits laitiers par les consommateurs, une enquête a été mené entre juin et août 2002 dans 130 ménages à travers tous les quartiers de la ville de N'Djamena. Les résultats ont montré que la consommation de lait et des produits laitiers était plus en rapport avec l'appartenance socio-culturelle qu'avec le revenu. Le lait fermenté est le produit laitier le plus utilisé (86% des ménages enquêtés le consomment) suivi du lait frais (58% des ménages interrogés) et de l'huile de beurre (48% des ménages interrogés). L'étude a confirmé l'intérêt grandissant de certains groupes socio-culturels pour les produits locaux. Les raisons invoquées sont diverses et vont de l'attachement au produit du terroir, aux qualités organoleptique, hygiénique et d'usage. Certains produits tels que le lait frais et le rayib font l'objet d'une forte consommation hors-foyer.