Alors qu'elle est promue depuis plus d'une vingtaine d'années, l'implication des communautés rurales dans la gestion des ressources forestières n'a été inscrite que récemment dans la politique environnementale camerounaise. L'enjeu majeur de cette politique d'aménagement est de mettre en place une gouvernance qui soit capable d'intégrer les objectifs de l'Etat et les usages agro-forestiers des populations rurales. Cet article démontre que le système actuel de gestion des ressources forestières a abouti à l'émergence de deux modes de gestion de ces ressources, aux intérêts potentiellement conflictuels. Nous avons ensuite choisi de relater une expérience de négociation pluri-partite sur les choix d'aménagement d'un massif forestier de 43 000 hectares dans la province du Sud Cameroun. Cette expérience est intéressante car elle montre comment l'implication des acteurs locaux au processus de décision a créé une dynamique de mise en concurrence des deux modes de gestion mis en évidence dans la première partie de l'article. Finalement deux conclusions sont tirées de cette expérience. Premièrement, il existe une réelle capacité des acteurs locaux à s'organiser pour négocier lorsque le processus de décision leur est ouvert. Deuxièmement, il est nécessaire de repenser la phase du processus d'aménagement qui délimite les différents domaines forestiers, car dans sa forme actuelle elle ne permet pas de dépasser les conflits entre les modes de gestion des acteurs locaux et nationaux.