L'agriculture au Maroc connait des mutations rapides que ce soit en termes d'intensification de la production ou de réallocation des ressources productives telles que l'eau ou la terre. Dans ce contexte de mutations, en partie impulsées par l'Etat, la figure du fellah est remodelée. Est-ce à dire que cette redéfinition de la figure du fellah se fait sans se heurter à des résistances ? Cet article s'attache à décrire ces résistances ainsi que leurs impacts sur l'émergence d'une nouvelle figure des paysanneries marocaines. Afin de mieux appréhender ces résistances, nous avons choisi une approche par statuts fonciers. Ces derniers, du fait de leur diversité, nous sont apparus comme des éléments constitutifs d'une pluralité de résistances. Par ce travail de terrain nous avons pu dresser le constat du caractère endogène de cette redéfinition de la figure du fellah. Les mutations de l'accès aux ressources productives sont l'objet de stratégies d'adaptations multiples de la part des paysanneries marocaines qui deviennent alors acteurs de la redéfinition de leur figure. Dans ce contexte de mutations accélérées où de nouvelles figures sont apparues, se pose alors la question de leur pérennité. On a notamment pu observer l'adaptation et les changements opérés au sein de l'agriculture familiale et l'arrivée de nouveaux acteurs disposant d'importants moyens financiers. Alors que les capacités d'adaptation de l'agriculture familiale marocaine attestent de sa résilience, l'inscription dans le temps de ces nouveaux acteurs dans le paysage de l'agriculture marocaine peut être sujette à débat. Les acteurs composant le milieu agricole marocains se sont appropriés de manières différentes les mutations décrites dans cet article. Ces mutations ont fortement influencé la figure de l'agriculteur marocain. L'observation de ces mutations amène au constat de capacités de résilience diverses au sein d'une même catégorie professionnelle : l'agriculture. (Texte intégral)