Avant le plongeon provoqué par la crise du coronavirus, les marchés des produits tropicaux ont connu, en 2019, une année toute en hésitations et en atermoiements. Si l'on fait exception du cacao et du caoutchouc naturel qui en fin d'année ont emballé les marchés (il est vrai en partant de niveaux historiquement bas), le repli désordonné a été de mise. Les excédents de l'offre sur la demande persistent, le tout dans un contexte marqué par une forte volatilité. Sans anticipations claires sur la vigueur de l'économie mondiale dans un contexte de guerres commerciales et de ralentissement de la croissance, les opérateurs sans boussole ont surréagi aux informations qui leur parvenaient- ici l'éloignement du spectre d'El Nino, là l'annonce d'un accord entre la Côte d'Ivoire et le Ghana pour accorder aux producteurs de cacao des deux pays un "différentiel de revenu vital" de $ 400 la tonne. Un cycle semble s'achever, dont le coronavirus ne fera qu'accélérer la fin. Inauguré en 2008-2009 lors de la dernière grande flambée des marchés alimentaires et énergétiques, ce cycle a vu les produits tropicaux profiter modestement de la hausse des prix des matières premières (exception faite du roi café) et se maintenir à des niveaux plutôt élevés, plus longtemps que la plupart des autres denrées alimentaires. Il en va en quelque sorte des marchés de produits tropicaux comme des anciens moteurs diesel: ils sont lents au démarrage, mais une fois qu'ils sont lancés .. . Le plateau de prix soutenus est derrière nous à présent, et il ne sert à rien de regarder dans le rétroviseur. Tout est à reconstruire: la confiance, la demande, et la connaissance partagée de quoi après-demain sera fait.