L'initiative Grande Muraille verte (GMV) est bien plus qu'une activité de reforestation pour limiter la désertification des écosystèmes sahéliens. Elle vise à restaurer des terres dégradées pour permettre une meilleure résilience et durabilité des territoires sahéliens face aux changements globaux (O'Connor & Ford, 2014). Sur le terrain, les résultats obtenus sont une combinaison d'interactions entre des acteurs et des processus biophysiques et socioéconomiques se déployant dans l'espace et le temps afin de restaurer les fonctions écologiques et économiques du milieu. Les dimensions territoriales des activités de reforestation au sahel font l'objet d'un intérêt croissant notamment à travers la mise en oeuvre de l'accélérateur de la GMV qui vise à amplifier la portée géographique de l'initiative. En vue de la mise à l'échelle des opérations de reforestation au Sahel, il convient de se demander comment cette action de restauration s'insère dans un territoire et le transforme (Turner et al., 2021). La modélisation, spatialement explicite, offre un cadre d'analyse permettant de réduire la complexité d'un objet géographique, comme les activités de reforestation de la GMV, pour s'intéresser à ces caractéristiques propres : topographie, hydrologie, distributions végétales et faunistiques, mode opératoire de restauration ; et aussi aux interactions que cette initiative entretient avec son environnement écologique et social. Cette modélisation nécessite une approche pluridisciplinaire permettant de créer un cadre d'échanges pour la recherche et les acteurs du développement. La modélisation territoriale devient alors un objet d'aide à la décision permettant d'évaluer l'impact des opérations de restauration mais aussi de penser l'avenir à travers des scénarios prospectifs de gestion afin d'accompagner les acteurs dans l'organisation des actions (Delay et al., 2022).