La chlordécone a été largement appliquée dans les champs de bananes des Antilles françaises de 1972 à 1993 pour lutter contre le charançon du bananier. Une première évaluation de la dynamique de contamination des sols a été proposée (modèle WISORCH) à partir d'hypothèses de fréquence et dose d'applications de la chlordécone au champ et de paramètres physiques (précipitations, teneur en matière organique des sols, types de sol). Les projections du modèle ont conduit à des durées de contamination de 50 à 600 ans selon les types de sol, l'intensité du lessivage et en supposant l'absence de dégradation (Cabidoche et al., 2009). Dix années après ces premières évaluations, de nouveaux résultats sont venus bousculer ces hypothèses : études attestant de la dégradation de la chlordécone dans l'environnement (Fernández-Bayo et al., 2013 ; Devault et al., 2016 ; Chevallier et al., 2019), évolution des concentrations en rivière (Crabit et al., 2016 ; Cattan et al., 2019 ; Mottes et al., 2020 ; Sabatier et al., 2021). De là, une réévaluation des durées de contamination des sols a été entreprise (Comte et al., 2022). Cette réévaluation s'est appuyée sur deux jeux de données. D'une part, des observations in situ réalisées dans près de 2545 parcelles entre 2001 et 2020 dans le cadre des plans de surveillance mis en place ; d'autre part, à partir d'analyses chlordécone sur 17 parcelles échantillonnées à deux dates. Dans un but prospectif, ces dernières analyses ont été utilisées 1) pour améliorer le modèle WISORCH qui n'avait pu être validé à l'époque sur des mesures à différents pas de temps et 2) discuter des processus en jeu dans la dissipation de la chlordécone. Les résultats montrent une baisse des concentrations moyennes sur les parcelles analysées dans les plans de surveillance au cours des ans. Sur les 17 parcelles échantillonnées, une diminution inattendue des concentrations en chlordécone dans le sol d'un facteur 4 fois a été observée en inadéquation avec les prédictions d