Entre 1972 et 1993 aux Antilles françaises (Martinique et Guadeloupe), pour lutter contre le charançon du bananier, les agriculteurs ont appliqué au pied de leurs plants de la chlordécone, un insecticide organochloré toxique. A la fin des années 1990, l'intensification des pratiques agricoles aux Antilles a entraîné une accélération de l'érosion des sols et des transferts de sédiments vers les rivières et la mer (Sabatier et al., 2021). Les auteurs de cet article ont émis l'hypothèse que l'utilisation de glyphosate comme herbicide induisait une augmentation de l'érosion des sols conduisant à une libération de la chlordécone stockée dans les sols agricoles pollués. Ces processus entraînent une remobilisation des sols contaminés et une dispersion de la contamination à la chlordécone le long du continuum terre-mer, impactant les activités humaines et polluant les écosystèmes continentaux et marins. Ces transferts latéraux de sédiments sont fortement contrôlés par l'occupation du sol et les pratiques agricoles. L'identification des sources d'érosion des sols est donc essentielle pour lutter efficacement contre les conséquences de l'érosion sur la résurgence de la chlordécone. A partir de l'utilisation des outils du traçage sédimentaire (Collins et al., 2020), appliqués à des archives sédimentaires marines côtières et adaptés au contexte antillais, l'objectif est de modéliser l'origine des sédiments au cours du temps en fonction des différentes occupations du sol que l'on retrouve sur les bassins versants antillais : parcelles de banane et de canne à sucre, forêts, berges et glissements de terrain. Nous avons appliqué ce modèle à deux carottes sédimentaires prélevées dans le cadre d'une précédente étude (Sabatier et al., 2021) : la première dans la baie du Galion (Martinique) et la seconde au large de la rivière Pérou (Petit Cul de Sac Marin, Guadeloupe). Les premiers résultats du modèle appliqué à la carotte prélevée dans la baie du Galion montrent une augmentation de l