Le fleuve Sénégal fait l'objet de plusieurs aménagements hydrauliques visant à contribuer au développement économique et social des pays qu'il traverse. Ceci implique des compromis entre les différents objectifs de sécurité alimentaire, de production énergétique, d'alimentation en eau potable, de protection de l'environnement et de navigabilité fluviale. Ces arbitrages sont fondés sur des logiques technico-économiques (respect des niveaux de côte des barrages, lâchers d'eau en fonction de la demande d'électricité…), présentant ainsi des impacts sur les conditions de vie des populations riveraines et sur la préservation des milieux aquatiques. Pour une meilleure compréhension des tensions intersectorielles pouvant exister et une analyse des compromis, la caractérisation de la perception des différents acteurs, gestionnaires et usagers de la ressource en eau, demeure indispensable. L'objectif de cette recherche est d'évaluer les perceptions des acteurs majeurs impliqués dans la gestion du fleuve Sénégal, vis-à-vis des enjeux posés par l'imbrication des problèmes d'alimentation, d'alimentation en eau potable, d'énergie et d'environnement. Pour ce faire, nous avons réalisé des entretiens semi-directifs auprès de 34 acteurs concernés par la gestion du fleuve. Les résultats montrent des points de divergence entre différentes catégories d'acteur, notamment sur la préservation des milieux aquatiques et le développement des activités liées à la crue (agriculture de décrue et pêche). Des intérêts divergents existent, par exemple entre les populations riveraines du fleuve et les agro-industriels, créant des tensions entre acteurs qui se manifestent sur l'enjeu de l'accès au foncier agricole, celui de la pollution de l'eau, et celui de l'accès à la ressource en eau. L'analyse montre également que les acteurs interrogés perçoivent l'influence actuelle et future de changements majeurs (climatiques, démographiques, socio-économiques) risquant de modifier les équilibres entre secte