Pour les libéraux, les places de marché où convergent librement vendeurs et acheteurs, les pratiques d'échanges basées sur le marchandage et la multiplicité des intervenants sur ces lieux d'échanges sont autant de témoignages de l'existence d'un marché concurrentiel. Ces observations montrent qu'il est pertinent de considérer que ces filières fonctionnent selon les mêmes principes que ceux d'une économie de marché telle qu'elle est décrite dans le modèle néo-classique. La "main invisible" conduirait effectivement à la détermination d'un équilibre offre/demande prenant en considération l'ensemble des projets particuliers d'achats ou de ventes des agents de la filière. C'est cette assertion que les auteurs souhaitent relativiser à partir de leurs observations sur le fonctionnement de la filière privée d'approvisionnement des villes du Togo en produits vivriers. Dans un premier temps, ils soulignent que dans de tels systèmes les agents opèrent en situation d'information imparfaite. Les intermédiaires doivent donc déterminer leurs plans d'achats ou de ventes dans l'incertitude, ce qui engendre des situations critiques (faillites) fragilisant la stabilité et la pérennité du système de commercialisation. Dans un deuxième temps, ils montrent que dans ce contexte, la pérennisation de ces activités marchandes repose d'une part sur l'établissement de règles de fonctionnement communes, d'autre part sur le statut social des intermédiaires dont le comportement ne peut être compris en se référant seulement aux mécanismes du marché.