La région de Tombali, au sud de la Guinée-Bissau, présente deux grands types de terroir : la mangrove et les plateaux. L'ethnie balante, moyennant de lourds investissements en travail, a su aménager la mangrove, milieu à priori peu favorable pour l'agriculture, en rizières hautement fertiles. La construction de cette fertilité repose sur une grande maîtrise technique, une gestion et une exploitation collective de l'espace et sur une forte cohésion sociale. Sur les plateaux, des ethnies islamisées exploitent une rente fertilité liée à la forêt, selon des logiques individualistes. Ces systèmes agraires doivent faire face à de profonds changements de l'environnement climatique, démographique et économique. L'économie de marché bouleverse l'organisation sociale balante et sa capacité à mobiliser efficacement le travail dont la productivité est par ailleurs diminuée en raison de la baisse de la pluviométrie. Sur les plateaux, le marché apparaît plus comme une opportunité qu'une contrainte, mais la pression sur le foncier doit conduire les agriculteurs à adopter de nouvelles logiques de gestion de l'espace permettant d'assurer la reproduction de la fertilité. Le projet de recherche paysanne de Tombali s'est proposé d'accompagner ces évolutions.