En France, les recherches sur le conseil de gestion connaissent un certain renouveau depuis une vingtaine d'année. Sont apparues les notions d'analyse systémique de l'exploitation, de conseil stratégique, qui ont eu de fortes incidences sur la façon de concevoir l'appui aux agriculteurs. Celui-ci portait pour l'essentiel sur la transmission aux producteurs d'innovations techniques sectorielles; c'est aussi le cas en Afrique avec la vulgarisation de masse dont les limites se sont révélées. Le contexte actuel, en France comme en régions chaudes, conduit à repenser l'intervention auprès des exploitants de manière globale en terme de modification du fonctionnement des systèmes. Ceci passe par une plus grande prise en compte des logiques et pratiques paysannes. Le conseil de gestion peut être défini comme une aide à la décision au cours d'un processus d'apprentissage faisant évoluer les représentations de l'agriculteur avec les étapes suivantes: prévision, action, évaluation des conséquences de la décision, confirmation ou modification des représentations. [...] Le conseil de gestion est encore au stade expérimental. L'appui aux producteurs a concerné de manière quasi exclusive le conseil tactique, car les contraintes de la majorité des paysans sont telles qu'ils ne peuvent se projeter ne serait-ce qu'à moyen terme. Les principales questions (non résolues) portent sur les limites à sa diffusion (exigences difficiles à satisfaire, environnement des exploitations peu favorables, partenaires du développement peu armés pour mettre en oeuvre cette démarche). Initier un véritable conseil aux exploitations agricoles mettant l'agriculteur et ses besoins au centre du dispositif, et créer un environnement (technique, économique, institutionnel) permettant sa diffusion sont des enjeux majeurs pour le développement rural en Afrique.