L'extension récente du muskuwaari au Nord-Cameroun : dynamique endogène et nouveaux besoins de recherche
Mathieu B., Fotsing E., Gautier D.. 2003. In : Jamin Jean-Yves (ed.), Seiny-Boukar Lamine (ed.), Floret Christian (ed.). Savanes africaines : des espaces en mutation, des acteurs face à de nouveaux défis. Actes du colloque, Garoua, Cameroun, 27-31 mai 2002. Montpellier : CIRAD, 12 p.. Colloque Savanes africaines : des espaces en mutation, des acteurs face à de nouveaux défis, 2002-05-27/2002-05-31, Garoua (Cameroun).
Au Nord-Cameroun, l'extension du sorgho repiqué, amorcée dans les années 50, prend aujourd'hui des proportions remarquables: dans l'ensemble des plaines de l'Extrême-Nord, les surfaces cultivées varient entre 150 000 et 200 000 ha selon les conditions climatiques de l'année. Cette extension peut être expliquée avant tout par l'augmentation en besoins vivriers liée à l'accroissement démographique, mais aussi par le développement de la culture cotonnière sur des terres auparavant destinées au vivrier pluvial. Progressivement, la complémentarité entre coton garantissant un revenu régulier dans la sole pluviale et sorgho de saison sèche dans les terres argileuses s'est affirmée, le muskuwaari devenant un élément central dans l'exploitation familiale et pouvant être l'objet de spéculations. Afin de mieux comprendre les moteurs de cette extension et ses conséquences sur les systèmes de production, des études ont été menées à l'échelle des terroirs. Cette extension, qui peut atteindre 200% en 20 ans, se fait sur des vertisols mais aussi sur des sols vertiques apparemment moins propices. Elle a été rendue possible grâce à un perfectionnement des techniques de culture et à la diffusion endogène des savoir-faire paysans qui expliquent l'étonnante diversité des milieux et des variétés cultivés. Cette dynamique agronomique ne va pas toutefois sans engendrer des problèmes sociaux et territoriaux: d'une part, l'accès au karal n'est pas le même pour tous les paysans; d'autre part, l'extension du muskwaari se fait au détriment des aires de pâturages. C'est donc tout à la fois à un défi agronomique, social et territorial auquel doit répondre la recherche pour accompagner l'extension du sorgho repiqué.
Communication de congrès
Agents Cirad, auteurs de cette publication :
- Gautier Denis — Dg / Dg