Dans une région de forte densité de population, les paysans bamiléké élaborent des systèmes agroforestiers qui associent sur une même parcelle des espèces ligneuses aux productions agricoles. Ces associations présentent une structure verticale composée de strates et un agencement horizontal qui dépend de leur situation sur les versants. Leurs composantes s'organisent autour des billons de culture. Elles présentent une diversité spécifique supérieure à celle des systèmes de cultures observée sur la bordure forestière du plateau. L'étude de ces structures productives, qui intègrent l'arbre aux cultures vivrières, engendre une réflexion sur le processus probable de leur construction. Elle est étayée par une analyse du matériel ligneux qui les composent et par des entretiens avec des interlocuteurs privilégiés. Les logiques de production du paysan sont considérées dans le contexte écologique et social du pays Bamiléké. Ces systèmes agroforestiers perdent en hétérogénéité en se spécialisant, et leurs diverses productions ne se complètent plus aussi bien. L'analyse de leurs dynamiques pose le problème des modalités de leur reproduction à long terme et donc celui du développement "durable". La question est de savoir si les conditions du maintien de ces systèmes agroforestiers sur la parcelle sont encore réunies dans l'environnement socio-économique d'aujourd'hui.