Lors des diagnostics sur la gestion des ressources et de l'espace que nous avons menés au Nord Cameroun, des schémas à dire d'acteurs nous ont permis d'établir, avec les villageois, des références communes d'espace et de temps, qui servent à cibler nos enquêtes et à organiser nos inventaires. Ces schémas sont toutefois un peu plus qu'une porte d'entrée du diagnostic: ils nous permettent d'appréhender ce que les villageois considèrent comme des enjeux territoriaux importants. Sur ces représentations, les terres à muskwaarii apparaissent ainsi plus importantes et plus proches des centres des villages qu'elles ne le sont en réalité. Les espaces de brousse à l'interface de plusieurs villages, et a fortiori, de plusieurs cantons, apparaissent comme enjeux d'appropriation par l'exploitation du bois et la défriche. Points de vue villago-centrés, ces schémas conduisent toutefois à une mise en question des centres d'intérêt et d'intervention de la Recherche-Développement, centres qui pourraient paraître périphériques par rapport aux enjeux territoriaux des villageois et conduiraient à un recentrage des activités de recherche dans les interfaces territoriales.