La référence à la multifonctionnalité est de plus en plus utilisée dans certains pays européens (mais aussi au Japon et en Corée) pour fonder la légitimité de politiques publiques de soutien à l'agriculture, en arguant du fait que l'activité agricole remplit d'autres fonctions que la simple production de biens agricoles et justifie des rémunérations ad hoc. Notre projet vise à dépasser l'argumentation de défense des politiques d'intervention dans les pays dits du Nord et son transfert éventuel dans les pays dits du Sud. Dans cette perspective, nous adoptons comme postulat que la multifonctionnalité de l'agriculture pose par principe, et non par contingence, une relation entre des aspects marchands et non-marchands et que l'activité marchande ne peut avoir lieu sans l'existence de l'activité non-marchande, et réciproquement. Le lien entre ces deux types d'activités, à la fois complémentaires et antagoniques, est complexe. Sur cette base, l'objectif de notre recherche est de préciser la nature de cette articulation et sa dynamique à partir d'une démarche comparative. Ainsi, la recherche menée par le groupe Polanyi sur la multifonctionnalité de l'agriculture repose sur une sorte de défi analytique: comment rendre compte dans un cadre unifié de l'existence de pratiques multifonctionnelles dans des contextes très différents ? Pour explorer ces pratiques, un dispositif de recherche a été établi se basant sur les situations volontairement contrastées de divers pays européens et tropicaux. Il s'agit de tester l'hypothèse selon laquelle il existe, sous la pluralité des contextes, une même structure de complémentarité et d'antagonisme entre les dimensions marchandes et non marchandes de l'activité agricole; mais que ces articulations s'expriment à travers des logiques et des configurations ayant une expression locale. Cette recherche se propose enfin, partant de l'exploration du lien entre aspects marchands et non marchands de l'agriculture, de revisiter l'usage de la multifo