La sécurité alimentaire : une affaire de paysans
Abdourahmane N., Mathieu B., Teyssier A., Bello R.. 2003. In : Jamin Jean-Yves (ed.), Seiny-Boukar Lamine (ed.), Floret Christian (ed.). Savanes africaines : des espaces en mutation, des acteurs face à de nouveaux défis. Actes du colloque, Garoua, Cameroun, 27-31 mai 2002. Montpellier : CIRAD, 10 p.. numero_rapport: Thème 6. Colloque Savanes africaines : des espaces en mutation, des acteurs face à de nouveaux défis, 2002-05-27/2002-05-31, Garoua (Cameroun).
Dans l'Extrême-Nord du Cameroun, province la plus peuplée et la plus pauvre, des crises alimentaires frappent les populations rurales de façon récurrente. Ces situations sont autant liées à des déficits chroniques de production qu'à des problèmes de gestion des stocks vivriers. L'administration intervient à travers une aide alimentaire d'urgence, mais il n'existe pas de dispositif opérationnel de prévention de ces crises. Des alternatives sont possibles pour éviter un assistanat systématique et favoriser la responsabilisation des producteurs en matière de sécurité alimentaire. Peut on confier une fonction aussi essentielle à des organisations paysannes ? A travers la mise en place d'un système de stockage villageois autofinancé, l'expérience des Aprostoc (associations de producteurs-stockeurs de céréales), lancée par DPGT et TerdeL, vise au maintien de stocks vivriers de proximité et permet aux producteurs de mieux tirer profit de leur production. Cette opération, engagée depuis 1996, a déjà permis la création de 240 greniers communs, regroupant près de 15 000 exploitations. Ces greniers sont structurés en 6 unions de groupements de stockeurs, les Aprostoc, qui assurent des services d'appui et de conseils aux groupements et aux producteurs de céréales. Elles constituent de nouveaux acteurs capables d'intervenir de manière durable pour la sécurité alimentaire de l'Extrême-Nord. L'émergence de services d'appui gérés par des organisations de producteurs représente une alternative prometteuse aux méthodes de vulgarisation traditionnelles, tandis que le stockage villageois est à considérer comme un dispositif préventif des crises alimentaires, en complément d'interventions d'urgence. Ces démarches de responsabilisation des producteurs peuvent aujourd'hui servir de références aux nouvelles orientations des politiques de développement rural.
Communication de congrès
Agents Cirad, auteurs de cette publication :
- Teyssier André — Es / UMR TETIS