Les cours du cacao en 2005 ont faiblement oscillé de part et d'autre d'un plateau situé à $ 1500 la tonne, comme ils le firent en 2004 dans une situation politique toute aussi délicate. Plus encore que la météo et les contrecoups du stress hydrique de l'été 2004, c'est bien la crise ivoirienne qui imprime au marché ses bonds et ses plongeons. Ainsi le Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo se retire-t-il, le 17 décembre 2005, du processus de paix pour protester contre la demande internationale de dissoudre son Parlement, paralysant au pas-sage Abidjan par les "patriotes", et voilà le cours de la fève qui grimpe jusqu'à $ 1600 la tonne. Laurent Gbagbo appelle-t-il ensuite ses partisans au calme? Le prix du cacao se replie à $ 1535. Les fondamentaux du marché sont éminemment politiques, le commerce de cacao servant les intérêts, compatibles en l'occurrence, d'un président soucieux de stabiliser ses flux de devises pour financer son effort de guerre, et de grosses compagnies de négoce et de broyage préoccupées par la continuité de leur approvisionnement.