L'évaluation des avantages comparatifs de onze filières agro-alimentaires représentatives de l'agriculture syrienne offre une illustration de l'application d'une analyse de filière à l'élaboration d'une politique publique dont l'objectif est d'accompagner l'ouverture de l'agriculture syrienne à la concurrence internationale. Le découpage de l'économie agro-alimentaire et agro-industrielle syrienne en filière permet de mieux mettre en évidence les acteurs qui bénéficieront de l'ouverture et ceux dont la position serrait affaiblie par le démantèlement de barrières douanières. L'évaluation des transferts de ressources du reste du système économique vers certaines filières permet aussi de mieux poser la légitimité de ces transferts au regard des objectifs poursuivis par les pouvoirs publics en termes d'équités (revenus, emplois en milieu rural) et de gestion des ressources naturelles (eau). L'étude montre que les filières stratégiques (blé et coton) n'ont pas d'avantages comparatifs dans les conditions actuelles des niveaux de prix mondiaux et de techniques de production et que, par conséquent, leur viabilité économique serait profondément affectée par la libéralisation des échanges et des réformes des politiques de soutiens agricoles qui lui sont associés. Par ailleurs, la prise en compte des coûts d'opportunités de l'utilisation de l'eau augmente considérablement la valeur des transferts en faveur de ces filières stratégiques dont le développement repose essentiellement sur l'expansion de l'irrigation conduisant à une utilisation de l'eau au-delà des capacités de renouvellement du stock disponible. Par contre, les filières maraîchères (tomate) ou horticoles (orange) ou de produits pour lesquels la Syrie est doté d'un environnement agro climatique favorable (olivier et huile d'olive), ont un avantage comparatif et pourraient donc tirer parti d'une ouverture croissante des marché extérieurs. La présentation souligne que les indicateurs d'avantage comparatifs ne doivent