L'aquaculture devrait jouer un rôle de plus en plus important au niveau de la satisfaction des besoins alimentaires des populations au cours des prochaines décennies. Elle assure quasiment la moitié (45%) de la production mondiale des produits de la pêche (50% en 2015). L'utilisation massive d'antibiotiques en aquaculture favorise l'émergence de souches bactériennes résistantes, ce qui constitue un danger pour le développement durable de cette activité avec des impacts négatifs: - sur l'environnement (perturbation des équilibres microbiens, accumulation et persistance de ces substances, transfert horizontal du caractère de résistance à d'autres bactéries); - sur les élevages en particulier (sélection de souches bactériennes pathogènes multi-résistantes); - en santé humaine où les phénomènes de résistance aux antibiotiques peuvent se transférer à des souches pathogènes pour l'homme. Une étude que nous avons menée au Vietnam dans un contexte d'intensification de l'aquaculture a montré la présence de populations bactériennes fortement résistantes, voire multi-résistantes à plusieurs types d'antibiotiques. A partir de ces résultats, nous souhaitons expliquer les bases scientifiques de la résistance bactérienne pour mieux comprendre ses effets sur le développement d'une aquaculture durable et pour en tenir compte dans les traitements administrés aux élevages. Ce cas d'étude illustrera les pratiques à éviter pour la crevetticulture malgache, laquelle joue un rôle socio-économique important, et montrera la nécessité d'élaborer des règles de bonnes pratiques de gestion des antibiotiques pour diminuer les coûts des antibiothérapies tant pour les fermiers que pour les autorités de contrôle.