Les normes transnationales de durabilité deviennent des outils prépondérants dans les politiques de développement durable au sein des secteurs agricole et alimentaire. Alors que la durabilité sociale est pour de nombreux auteurs un pilier "oublié", cet article s'intéresse à la manière dont les standards de durabilité traduisent ce concept dans leur dispositif de gouvernance et dans leur contenu. Nous proposons une analyse de différents standards multiparties prenantes, par une revue de la littérature et une analyse de leurs cahiers des charges. Nous concluons que ces normes ont tendance à traduire le concept de durabilité sociale en termes de droits, en particulier des droits de l'homme. Si l'insertion de tels critères relatifs aux droits répond à de nombreuses violations dénoncées par la société civile, cette approche à conduit à occulter d'autres constructions politiques possibles (distribution des ressources, réduction de la vulnérabilité, etc.), pourtant mobilisées dans le concept de durabilité sociale et portées par certains acteurs participant à la construction de ces normes ou les contestant. Intégrer la durabilité sociale par les droits masque par ailleurs des inégalités de capacités dont font preuve les personnes. C'est dans ce sens que nous discuterons la tension entre une approche par les droits, supposant des capacités d'autonomie, et les conditions qui permettent aux personnes vulnérables de saisir ces droits.