Crédit de trésorerie et endettement des producteurs de coton : un cas au Centre-Bénin
Sossou K.B., Fok M.. 2019. In : Soumaré Mamy (ed.), Havard Michel (ed.). Les zones cotonnières africaines : Dynamiques et durabilité. Actes du colloque de Bamako. Bamako : Edis, p. 207-220. Colloque international sur les dynamiques et durabilité des zones cotonnières africaines, 2017-11-21/2017-11-24, Bamako (Mali).
Alors que l'exigence en trésorerie est accrue par la nécessité de rémunérer la main-d'oeuvre pour compléter le travail fourni par la famille, l'octroi de crédit de trésorerie est peu pris en compte dans l'organisation de la production cotonnière en Afrique francophone. L'étude est la première à aborder les conditions d'octroi et les impacts du crédit informel de trésorerie pour les producteurs de coton en Afrique francophone. L 'étude est basée sur l'analyse d'une politique particulière menée au Bénin, en 2012, d'octroi formel de crédit de trésorerie aux producteurs de coton. L'étude concerne le centre du Bénin où la politique mise en oeuvre a attiré les opérateurs de crédit informel qui ont ainsi révélé les conditions de leur intervention. L'étude a bénéficié de la collaboration des producteurs pour accéder aux données relatives aux crédits de trésorerie qu'ils avaient obtenus. Parmi les 537 producteurs de coton relevant de 15 coopératives, très peu ont échappé au recours aux opérateurs informels pour obtenir de la trésorerie, avec application d 'un taux d'intérêt annuel pouvant dépasser les 200%. En valeur, le remboursement de ce crédit peut équivaloir voire dépasser celui du crédit acquis pour les intrants, absorbant ainsi la marge monétaire dégagée de la culture du coton. Les conditions observées du crédit informel ont enfermé les producteurs dans une trappe d'endettement et de pauvreté, au bénéfice d 'acteurs ignorés de la filière cotonnière. Dans un contexte de raréfaction de la main-d'oeuvre familiale et de monétisation exacerbée, une absence ou inadaptation de politique de crédit formel de trésorerie aux paysans cultivant du coton pourrait surtout transférer le profit de cette culture aux acteurs de crédit informel et usuraire. Le recours au crédit de trésorerie devrait être davantage étudié et pris en compte dans l'organisation et la gestion des filières cotonnière.
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