La fin des matières premières bon marché ? Avant même l'invasion de l'Ukraine par la Russie, les marchés de produits tropicaux, à l'unisson de la majorité des matières premières, s'inscrivaient à la hausse. Les cours de l'huile de palme ont augmenté de 50 % en 2021 par rapport à l'année précédente. C'est + 86 % pour l'huile de palme, + 62 % pour l'huile de coco. L'arabica prend 30 %, tout comme le robusta. Le caoutchouc (TSR20) 26 %. Dans un contexte de reprise économique post-covid, les goulets d'étranglement logistique et la pénurie ponctuelle de main-d'oeuvre ont tiré les prix vers le haut. Quelques produits se distinguent cependant. Le marché du cacao peine à résorber ses surplus, le prix de la fève est à peu près inchangé (+ 2,4 %) d'une année sur l'autre. Il en va de même du thé, du riz thaïlandais et des bois tropicaux. Dans ce contexte, l'envolée des prix du pétrole et du gaz après l'attaque de la Russie sur l'Ukraine, mais aussi des engrais, de l'huile de tournesol et du blé, ont un effet amplificateur auquel n'échappent pour l'instant que des marchés plus cloisonnés tels que ceux du riz et des bois. En termes réels, les cours tutoient les sommets atteints entre 2006 et 2008 et ils pourraient les dépasser si la guerre s'installe dans la durée. D'autres facteurs que le bellicisme russe pourraient durablement modifier l'équilibre des marchés, et soutenir les cours. Le premier d'entre eux réside dans les politiques unilatérales que l'Europe s'apprête à mettre en place afin de " verdir " son agriculture et s'assurer que ses approvisionnements et ses fournisseurs sont irréprochables en matière de protection de l'environnement – et singulièrement des forêts – et des droits de l'homme. Le signal est clair, même s'il est encore tenu : les commodités ne sont plus de simples commodités, mais des produits grâce auxquels le consommateur peut se raconter de belles histoires, même quand au loin tonnent les canons.