Conduire des recherches sur une matière naturelle telle que le bois, c'est faire preuve d'humilité, c'est appréhender la complexité en faisant preuve de sens pratique et d'opérationnalité, et de sobriété. De nombreux défis restent à relever concernant le choix des essences, leur utilisation en mélange, les procédés de transformation notamment les modes de débit et le collage, la valorisation des connexes, voire des rémanents, la logistique. Pour la promotion d'essences moins connues des marchés, tout ne se décrète pas à partir de résultats d'inventaires, un subtil équilibre est à maintenir entre potentialités forestières et attentes des marchés. Il s'agit donc de changer de perspective et de passer d'une optique classique qui part de la forêt pour aller vers le produit et la vente, à une optique marketing qui vise à comprendre le marché, à satisfaire le client en lui offrant un produit répondant à ses besoins et à ses attentes. Les recherches sur le matériau-bois en lui-même sont sous-tendues par une meilleure connaissance de sa variabilité et de son hétérogénéité, autant de contraintes qui limitent son utilisation, et qu'il faut arriver à maitriser. Cette variabilité dépend des conditions de croissance des arbres et s'exprime entre les espèces, à l'intérieur de chaque espèce, et à l'intérieur de l'arbre. Deux facteurs sont particulièrement discriminants pour l'utilisation des bois tropicaux : leur stabilité biologique (= durabilité naturelle) et leur stabilité physique (= associée à différents indicateurs de "nervosité") ; des recherches sont à poursuivre et à approfondir dans ces deux domaines. Par ailleurs, de nouvelles approches de recherche doivent être développées, adaptées aux pays des Suds, associées à une science à faible coût, et privilégiant l'innovation frugale et le low tech (qui s'oppose au high tech !). Le champ des recherches à poursuivre sur les bois tropicaux apparait donc particulièrement large !