L'enregistrement de l'Indication Géographique Poivre de Penja (IGPP) en 2013 a donné lieu à une explosion de la production et une nette amélioration des prix. Cet enregistrement est en partie dû à des acteurs économiques majeurs, fortement impliqués dans la construction de la démarche. La prise en compte des asymétries entre acteurs et des rapports de pouvoir est un enjeu clé pour la construction d'actions collectives efficaces. Comment l'IGPP compose-t-elle avec l'hétérogénéité des acteurs dans la gestion de la ressource ? Nous mobilisons une grille d'analyse croisant deux approches théoriques des communs, l'une socio-économique dans la tradition des travaux d'Elinor Ostrom, et l'autre sociopolitique intégrant la question des rapports de pouvoir. La grille est appliquée à des données d'enquête recueillies par entretiens semi-directifs en 2017. Les efforts de construction d'une action collective associant les différentes catégories d'acteurs butent sur des blocages institutionnels qui fragilisent la mise en oeuvre du contrôle et de la traçabilité, la réputation du poivre et ses bénéfices pour l'ensemble des acteurs enregistrés. Pour les petits producteurs, la contrainte est renforcée. Or, leurs capacités d'action est en réalité plus étroite que laisse entrevoir l'organisation de l'interprofession. L'IGPP pâtit des faiblesses institutionnelles et d'une insuffisante prise en compte des contraintes des petits producteurs.