En milieu tropical, c'est très certainement différent… Voilà une affirmation qu'on entend fréquemment quand il s'agit d'appliquer aux contextes tropicaux de l'outre-mer français les connaissances agronomiques développées en France métropolitaine. Et la thématique des conséquences sanitaires et environnementales de la contamination des sols agricoles par les éléments traces ne fait pas exception à la force des préjugés. Pourtant, tout comme en milieux tempérés, la première particularité des milieux tropicaux français réside dans la très grande diversité de leurs contextes climatiques, pédologiques et agronomiques. Cette diversité est tout autant liée à leur dispersion au sein de la large zone tropicale tout autour du globe, qu'à la diversité même des contextes au sein de chaque territoire. Partant de l'exemple de l'île de La Réunion qui présente des contrastes marqués, l'exposé retracera près de vingt ans de recherche sur la dynamique des éléments traces dans ces agro-écosystèmes tropicaux. Que ce soit lié à la richesse naturelle des sols de l'île ou à leur contamination par des activités industrielles, les travaux menés à La Réunion ont permis de lever les contraintes réglementaires liées à l'épandage des boues issues de station d'épuration urbaine ou à la réutilisation des eaux usées traitées. Partant du constat d'une richesse en éléments traces de certains fertilisants utilisés localement, les conséquences environnementales, sanitaires, mais également nutritionnelles des pratiques de fertilisation sont évaluées sur le long-terme. Au-delà de quelques spécificités, ces travaux sont globalement concordants avec les connaissances acquises en milieux tempérés. A ceux qui en doutaient, le fonctionnement des agro-écosystèmes tropicaux est donc régi par les mêmes lois biophysiques que celles qui prévalent en milieux tempérés. Si des études spécifiques aux contextes tropicaux des outre-mer français seront toujours nécessaires, elles peuvent cependant s'appuyer très largeme