En Afrique de l'Ouest, les pasteurs et les agro-pasteurs vivent en lien étroit avec le monde économique. Cependant, leur participation à l'industrialisation des filières est plus discrète. Le pastoralisme est-il condamné à rester en marge de la dynamique du capitalisme ? En s'inspirant du cadre d'analyse fournit par Braudel (1985), nous montrons comment l'essor actuel de l'industrie laitière s'inscrit en lien étroit avec son héritage pastoral. Nous soulignons aussi que l'émergence des importations de poudre de lait, bien que susceptible de concurrencer le commerce du lait local, a contribué à dynamiser le marché laitier, générant de nouvelles perspectives pour le lait local. Finalement, la marginalisation de la production pastorale tient plus à la manière dont se construit l'alliance entre l'Etat, les banques et les firmes privées. En effet, les petites agro-industries rurales, qui collectent du lait local, disposent de très peu d'appui des pouvoirs publics et des banques, comparativement aux firmes industrielles favorables à l'importation de poudre de lait. Pour que l'essor industriel actuel suscite l'ouverture de nouveaux débouchés pour les pasteurs, il convient de réorientation les investissements publics en faveur des bassins ruraux de production et de collecte, porteurs d'emplois, de patrimoine culturel et de biodiversité.