Sur la côte Est de Madagascar, les cultures de rente façonnent le paysage agricole et coexistent avec celles destinées à l'alimentation. Pour assurer leur résilience alimentaire et économique, les paysans Betsimisaraka se diversifient à l'échelle de l'exploitation agricole et de leurs parcelles en associant plusieurs espèces, constituant l'agrobiodiversité végétale, au sein d'agroécosystèmes à base de girofliers. Néanmoins, bien que la diversification soit vue comme un levier pour augmenter la résilience des agriculteurs face aux changements globaux, l'analyse des interactions entre biodiversité et performances technicoéconomiques et environnementales des exploitations agricoles giroflières fait encore défaut. Le territoire d'une exploitation agricole giroflière s'inscrit dans un relief de collines et peut présenter une forte dispersion spatiale et une hétérogénéité intra-parcellaire. Dans ce travail, un faisceau de méthodes est utilisé afin d'appréhender l'agrobiodiversité végétale à différentes échelles. Cette approche combine analyse-diagnostic, observation participante, analyse de photographies de très haute résolution spatiale (THRS) et relevés de terrain. L'étude montre que, sur les collines, l'agrobiodiversité s'organise en une mosaïque d'unités cultivées (i.e. parcelles agronomiques) et non cultivées. Les parcelles agronomiques, caractérisées par leur structure et leur système de culture, sont intégrées à des champs appartenant à une diversité d'exploitations agricoles. Ces dernières sont contrastées selon l'origine et le cycle de vie du ménage, entraînant un territoire d'exploitation plus ou moins conséquent et morcelé. Ces contrastes sont à l'origine de différentes stratégies impactant directement l'agrobiodiversité de l'ensemble des champs de l'exploitation. La résilience économique et environnementale des exploitations agricoles en fonction de la biodiversité est à présent en mesure d'être évaluée.