L'huile de palme a été en léger repli en 2023, perdant plus de $ 100 entre janvier et décembre, pour terminer l'année tout juste au-dessus de $ 800 la tonne. Ces cours auraient paru mirobolants il y a cinq ou vingt ans, époques où les prix évoluaient à des niveaux deux fois moindres sans que personne n'y trouve à y redire. Le nouvel équilibre des prix illustre ce qui pourrait être un des paradoxes de la période : un produit de base peut être à la fois onéreux et abondant. L'incertitude entourant la logistique de l'approvisionnement depuis les années covid, les effets déstabilisateurs de la guerre en Ukraine sur l'offre d'huile de tournesol, concurrente de l'huile de palme dans plusieurs usages alimentaires, enfin la croissance très poussive de la production des deux géants du marché que sont l'Indonésie et la Malaisie, tous ces facteurs s'agrègent pour soutenir les cours à un niveau historiquement élevé depuis bientôt quatre ans. Aux incertitudes du marché, les politiques ajoutent un peu de désordre. Durant le printemps 2023, l'Indonésie a, comme l'année précédente, mis ponctuellement en place des restrictions à l'exportation, afin de contenir l'inflation domestique avant le mois de jeûne du ramadan et la période des fêtes de l'Aïd, ce qui a eu pour effet de priver les exportations mondiales d'environ 2 millions de tonnes. De son côté, l'Union européenne avec sa directive sur les biocarburants exclut dorénavant l'huile de palme de la liste des produits éligibles, en raison de ses effets sur le changement indirect dans l'affectation des sols et in fine sur les émissions de gaz à effet de serre. Ses dispositions contre la déforestation importée visent également l'huile de palme, à côté d'autres produits, attirant les foudres des pays producteurs. La politique s'est immiscée de plain-pied dans le marché de l'huile de palme, qui passait il y a quelques années pour un des rares marchés de matière première agricole relativement libre et concurrentiel. C'est autant à Genèv