Les crises environnementales représentent à la fois une préoccupation sociale et un enjeu politique, entrainant des mutations au sein des administrations et dans les rapports de force entre les diverses parties prenantes. Dans cet article, nous explorons le cas de l'adaptation de la société antillaise à la pollution par la chlordécone, un insecticide organochloré utilisé dans les bananeraies de Guadeloupe et Martinique entre 1972 et 1993. Depuis le début de la crise liée à la révélation de la pollution en l'an 2000, les scientifiques et experts ont apporté leur éclairage sur les caractéristiques et effets de la chlordécone afin d'alimenter la prise de décision des acteurs, en particulier ceux de la sphère publique. Nous abordons ici la question la contribution de la recherche à la gestion de cette crise environnementale et aux réponses des acteurs publiques entre 2000 et 2020. Cette question a été traitée en adaptant la méthode ImpresS d'évaluation rétrospective, développée par le CIRAD (Barret et al., 2017), et en analysant la contribution des projets et produits de recherche. Dix-neuf entretiens ont été réalisés auprès d'acteurs concernés par la question du chlordécone complétés par une analyse bibliographique. Nos résultats montrent comment la recherche a appuyé l'évolution des politiques publiques vers des visions systémiques des conséquences environnementales de la crise. En parallèle, la recherche a également vécu des changements de posture et interaction pour répondre à des enjeux et défis complexes. Trois chemins façonnent la contribution de la recherche aux politiques publiques en réponse à la crise environnementale étudiée : (1) le chemin de la prévention ; (2) le chemin de la vulgarisation ; et (3) le chemin de l'action publique. Ces trois chemins ont mené à des impacts dans les champs politiques, économiques-sanitaires et sociaux. La recherche a contribué à ces impacts en particulier en favorisant : (1) la collaboration entre différentes parties prenante