Dans de nombreuses agglomérations du Sud, l'étalement urbain se poursuit au détriment des terres agricoles. Cependant, peu de travaux qualifient et quantifient les recompositions paysagères qu'engendrent la croissance urbaine sur les espaces bâtis et les espaces agricoles. L'agglomération d'Antananarivo, capitale de Madagascar, est encore fortement agricole, mais connait une urbanisation de plus en plus forte. Dans ce contexte, cet article vise à qualifier, quantifier et spatialiser les dynamiques d'urbanisation et les recompositions agricoles à l'échelle de cette agglomération. Il porte une attention particulière aux dynamiques en cours au sein des plaines agricoles, espace de progression de l'urbanisation et espace clé dans la gestion des inondations. Basé sur une méthode mixte, couplant des données quantitatives et qualitatives, l'article confirme l'accélération de l'urbanisation au détriment des terres cultivées, notamment dans les plaines. Il fait également apparaître la diversité des transitions d'usages du sol et les recompositions agricoles associées à la croissance urbaine. Il analyse ensuite, à l'échelle des plaines, les facteurs qui jouent sur l'urbanisation ou la plasticité de l'activité agricole. Il met en exergue que la clé pour peser sur la régulation effective des dynamiques d'urbanisation – au-delà de l'élaboration de règles et plans d'urbanisme – est de jouer sur les infrastructures hydro-agricoles, les conditions de production agricoles, la localisation des voies d'accès et le contrôle des remblais. Ces différents résultats permettent d'alimenter les débats publics sur l'aménagement du territoire et la place que l'agriculture peut jouer dans la résilience de la ville.