La prospective est un ensemble de théories, de concepts et de pratiques permettant de penser et/ou d'utiliser le futur afin de (re)penser et agir sur notre présent (Miller et al., 2018). La prospective peut permettre différents objectifs dans un système donné, entre autres, la prédiction, la planification, l'exploration (Minkinnen et al., 2019). Différentes démarches prospectives ont déjà été appliquées aux systèmes agricoles et alimentaires (SAA), autant dans des objectifs d'exploration (Mora et al., 2020) que de planification (Solagro, 2016 ; IDDRI, 202X ; Billen et al., 2021), et incorporant souvent comme cibles ou critères des aspects de durabilité et/ou de résilience. Ces démarches restent essentielles pour éclairer les SAA et leurs enjeux de transition (connaissances, débats, décisions). Cependant, ces démarches ont majoritairement été appliquées à des échelles internationales, nationales, voir régionales, mais relativement peu à des échelles territoriales (voir cependant Bergez et al., 2011), voir même à l'échelle d'acteurs ou d'innovations du SAA, où se jouent aussi d'importants enjeux autour de la durabilité et de la résilience des SAA (états de lieux, futurs possibles, verrous à la transformation, leviers d'action). De plus, ces démarches peuvent avoir tendance à être technocratiques et peu démocratiques, que cela soit au niveau du processus de création prospectif qu'à l'accès et la vulgarisation des délivrables. Il existe donc un enjeu politique et démocratique autour de l'utilisation de la prospective et des futurs possibles. La position des acteurs qui mobilisent la prospective, dans les différents rapports de force se jouant dans un système donné, détermine le niveau d'influence dans le système que peuvent avoir ces acteurs et la production de leur.s futur.s sur l'orientation et le pilotage du système en question (Bourgeois et al., 2022). La démocratisation de la prospective appliquée aux SAA rejoint donc des enjeux de démocratie et de gouvernance alim